Comment est né le volcan d’Auvergne ? Le puy Griou est-t-il un dôme ? Qu’est-ce qu’une table basaltique ? Autant de questions auxquelles répond Frédéric Lécuyer, volcanologue, lors de sorties de découvertes avec l’office de tourisme du Carladès.
La première chose que l’on découvre quand on explore le Parc des volcans d’Auvergne , c’est qu’il n’y a qu’un volcan dans le Cantal. Un stratovolcan plus précisément, et le plus grand d’Europe ! « Le stratovolcan du Cantal et les petits volcans monogéniques de la chaîne des Puys ne se situent pas du tout sur la même échelle de temps, ni sur le même volume, explique Frédéric Lécuyer, docteur en Sciences de la Terre et volcanologue, auteur de l’exposition présentée à l’office de tourisme du Carladès, à Vic-sur-Cère. Le volcan cantalien s’étend ainsi sur une surface de 60 km sur 70 km, alors que ceux de la chaîne des Puys n’excèdent pas 1,5 km de diamètre et ils se sont construit en quelques années maximum !. »
Contrairement à ces derniers, le stratovolcan cantalien s’est édifié sur dix millions d’années en trois grandes phases à partir de plusieurs grandes chambres magmatiques :
« C’est un peu comme un gâteau dont la pâte serait le magma, poursuit Frédéric Lécuyer. Par la suite, ce nappage a été érodé par les glaciers du quaternaire, qui ont accentué le contraste entre le coeur et la périphérie du volcan. »
S’il culminait vraisemblablement à un peu plus de 3 000 m à son apogée, le Plomb du Cantal, s’élève aujourd’hui à 1 855 m. « Les magmas de basanite, un basalte pauvre en silice, ont traversé toute la série des coulées et brèches précédentes pour former, il y a 2,9 millions d’années, un cône de scories que l’érosion a fait disparaître. Seule la lave dure du fond du cratère a résisté au temps, donnant au Plomb du Cantal ce curieux relief arrondi. »
Quant au puy Griou (1 690 m), il constitue, avec ses voisins le Griounou (1 514 m) et l’Usclade (1 484 m), un ensemble de dômes de phonolite qui correspondent à la phase tardive de construction du strato-volcan. « Pendant la dernière période glaciaire, le dôme du puy Griou émergeait de la glace. L’alternance entre le gel et le dégel qu’il a subie a entraîné un éboulis impressionnant encore visible à sa base. D’où sa forme conique. Le Griou et le Plomb du Cantal sont des repères. »
Non loin de là, des mégablocs sombres affleurent sur la route N122, près de Thiézac. « Ce sont les vestiges d’un ancien dôme de rhyolite démantelé par une avalanche de débris, précise le spécialiste, des pans entiers déplacés du volcan 40 km plus haut, pratiquement sans déformation, enrobés dans une matrice plus claire. »
Les gorges du Pas de Cère, elles, portent les traces des glaciers qui recouvraient le Cantal il y a encore 20 000 ans. « L’écoulement de la glace était ralenti, à cet endroit, par des dépôts d’avalanche de débris qui ont entraîné la formation d’un verrou glaciaire. Vers 12 000 ans, le glacier a disparu, l’eau a pris le relais et, au fil du temps, a creusé de profondes gorges dans les dépôts du Pas de Cère. En continuant le sentier qui mène à la cascade de la Roucolle, vous observerez également des dépôts d’avalanches de débris. »
La disparition des grands glaciers, en déstabilisant les versants des vallées, a aussi entraîné de vastes glissements de terrain, comme le chaos de Casteltinet, en face de Thiézac.
Site spectaculaire à bien des égards, la cascade de Faillitoux jaillit de l’un des rares affleurements de basaltes anciens. « C’est une épaisse coulée de lave longue de 40 km et vieille de 9,5 millions d’années, avec des prismes impressionnants pouvant atteindre un diamètre supérieur à 50 centimètres, précise le passionné. Il s’agit d’ankaramite, une variété de basalte extrêmement pauvre en silice qu’on ne trouve que rarement dans le Cantal, riche en gros cristaux d’olivines et de pyroxènes. »
Au-dessus du col de Curebourse, le Rocher des Pendus est quant à lui plus haut des points de sortie de magma auquel on peut rattacher les coulées à la planèze qui a formé la table de Carlat et le singulier Roc de Ronesque. « Ces deux tables basaltiques résultent d’une coulée fluide qui s’est mise en place à l’origine dans un fond de vallée, et se retrouve cinq millions d’années plus tard en position dominante dans le paysage », raconte Frédéric Lécuyer. Une explication rationnelle qui n’enlève rien au mystère qui se dégage de ce lieu extraordinaire…
Pour aller plus loin, découvrez les sites géologiques du Carladès et notre page dédiée au Parc Naturel régional des Volcans d’Auvergne !
Des sorties découvertes en compagnie de Frédéric Lecuyer sont proposées en saison estivale. Restez connectés pour connaître les dates !
par Catherine Levesque
le 28 février 2020
Du jour | 3.3° | 15.7km/h | |||
23/12 | -3.4° | 19.0km/h | |||
24/12 | -6.3° | 8.2km/h | |||
25/12 | -3.2° | 8.0km/h | |||
26/12 | -4.1° | 10.1km/h |