Niervèze, un hameau typique du Cantal

À 5 km de Thiézac, Niervèze figure parmi les plus beaux villages du Cantal. Un hameau typique où subsistent des chaumières, un four à pain, un moulin. Rencontre avec Guillaume Laybros, ambassadeur de l’office de tourisme du Carladès natif du village, qui nous ouvre les portes de son captivant musée.

« Visiter la chaumière, c’est presque intime », lâche Guillaume Laybros en jetant un œil sur le puy Griou depuis le petit chemin qui mène à la chaumière de Granier. Et pour cause, il est question de ses parents et de ses grands-parents dans le parcours muséographique aménagé dans cette ancienne ferme-bloc, parfaitement restaurée. « Les gens et les bêtes cohabitaient raconte-t-il, désignant l’espace du bétail, avant de se rapprocher d’une photo de lui réalisée en 2000 devant son cantou, pour l’inauguration du lieu. Un cantou (cheminée monumentale), on en trouve justement un dans la pièce voisine, non loin du lit clos.

Niervèze, un hameau authentique de quatre… habitants

Il faut dire que Guillaume est une figure du village. Il est né dans la deuxième chaumière encore debout, la Palette, et compte parmi les derniers habitants du hameau de Niervèze (ou Neyrevèze), soit « quatre âmes contre une quarantaine jadis ». Il est revenu à Niervèze en 1998 pour sa retraite, avec sa mère. « Quand j’étais enfant, mon père, Antonin, était conseiller municipal et nous avons été les premiers à disposer du téléphone public. Ça défilait à la maison ! », se souvient-il en souriant sous l’impressionnante charpente de la chaumière, hérissée de paille de seigle. Herses, charrues et motofaucheuses témoignent d’une époque révolue depuis le tournant des années 1960, où l’on comptait encore cinq exploitations à Niervèze. « Les petites fermes ont disparu et les fermes d’altitude sont devenues des estives », regrette Guillaume, qui fut maire de Thiézac entre 2003 et 2014.

Une mémoire vivante de la Haute Auvergne

C’est grâce à la mobilisation sans faille de ses habitants que Niervèze est devenu un modèle d’architecture traditionnelle, une mémoire vivante de la Haute Auvergne. En 1993, un propriétaire tombé sous le charme du hameau a impulsé la création de l’association « Niervèze, hameau d’hier et d’aujourd’hui » . « Nous avons élaboré un projet de rénovation du hameau dont la mise en œuvre était estimée à 3 millions de francs. Faute d’argent, nous avons décidé de présenter notre projet à diverses collectivités. C’est ainsi que le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne , alors présidé par Valérie Giscard d’Estaing, a bien voulu nous écouter et dépêcher une équipe technique sur place, explique Guillaume, alors membre du syndicat mixte du parc. Séduite, celle-ci nous a beaucoup aidés à convaincre l’exécutif du Parc à porter le projet. Ainsi, c’est le Parc qui a assuré la maîtrise d’œuvre, la maîtrise d’ouvrage et recherché les financements nécessaires à la réalisation de trois grandes tranches de travaux :

• restauration du bâti, chaumière et moulin ;
• enfouissement des réseaux électriques et téléphoniques ;
• aménagement du musée.

Au four… et au moulin !

Des cinq moulins qui existaient sur le ruisseau, celui de Niervèze (XVIIIe sècle) est le seul à avoir survécu. Comme le four banal, il est recouvert d’épaisses lauzes de phonolite et accessible après une courte promenade depuis le « couderc », la place centrale du village. Il doit sa remise en service à la pugnacité de Jean-Pierre Arnaud, qui a transmis sa passion à Yves Poujol, intarrissable. « Au début du XIX^e siècle, il y avait 47 moulins à Thiézac !, précise-t-il. Nous faisons tourner celui-ci en juillet et en août, le jeudi et le dimanche après-midi,et nous le faisons visiter lors de la Fête du pain et du patrimoine, le dimanche qui suit le 15 août. »

Pierre Rongier, boulanger à Thiézac, monte alors ses pâtons pour assurer les cinq fournées du week-end durant lesquelles doreront 80 miches. Et ce grâce au concours de Jean-Marc Rispal, qui chauffe le four durant une semaine et le prépare avant chaque tournée !

par Catherine Levesque
le 09 août 2019